Dans la chaleur de la nuit – échappée sensuelle

sensualiteLa lumière crue des phares révéla un virage en épingle, avant de le laisser choir dans l’obscurité dense. Ses doigts pianotaient sur le volant, tandis que son esprit courait la lande. Tout en elle habitait déjà les instants fiévreux à venir. Quelques virages encore, franchir la crête sous la voûte tranquille d’une nuit d’été, puis plonger, en douceur, vers les sentiers en contrebas. Aucune pollution lumineuse. La voie lactée touchant délicatement l’onde pâle d’une eau sereine. Un lac de montagne. Apercevant un feu crépitant sur la rive, elle gara sa voiture, gardant quelques distances, mue par une ultime pudeur. Ce rendez-vous secret palpitait en elle depuis le premier kilomètre. Avançant lentement sur l’herbe douce, respirant la nuit lovée contre les alpages, elle laissait maintenant son corps combler l’écart, entre l’anticipation et la survenue de l’anticipé. Une silhouette masculine, assise au bord du feu, tendue vers le lac, lui tournait le dos. Encore un peu. Déjà, elle sentait sa peau se réveiller. Déjà ses doigts couraient tous seuls vers un invisible texte en braille. L’eau à la bouche, aussi, et le clapotis tendre du lac aux côtés des grillons. Tout ce feu inondant ses veines…

Elle bifurqua soudain, à quelques mètres du feu, vers la rive proche. Dans son élan juvénile, elle attira l’attention de celui qui patientait. Retirant son pull, ses sandales, puis son jean et son t-shirt, elle glissa un pied dans l’eau. La fraîcheur saisit sa cheville, et augmenta encore le trouble de ses sens. Elle prolongea son geste jusqu’à plonger le corps, puis la tête dans les eaux rapidement profondes du lac isolé. Nager un instant sous le soleil de nuit. Glisser dans un silence épais comme l’obscurité. Sentir le reflux du sang, fouetté par le froid des hauteurs sagement gardé ici en ces eaux cristallines. Un plongeon, quelque part derrière elle. Pas besoin de se retourner. Déjà son cœur bat la chamade. Déjà, imperceptiblement, elle ralentit le coulé de sa brasse, et se tient verticale dans l’onde noire. Et déjà, il est là. L’enlaçant doucement, sa chaleur coupant le froid intense, il colle une bouche humide contre son cou. Pas un mot. A quoi servirait-il ?

Un baiser caressé d’une lueur lunaire, à peine effleurée de quelques paresseux nuages. Et leurs langues qui se cherchent, et leurs corps qui se savent. Et l’immobile temps fracturé ouvert sur l’autel de l’amour, si pressé qu’il entame la marche même des secondes.

Voilà.

Rendu à ce point du récit, normalement, le lecteur lambda devrait être à point. La même fébrilité diffuse court dans ses veines, déjà, et il échafaude la suite, les gestes, la poésie ourlée d’infime sensualité. Le sexe qui s’avance dans l’entrelacs des phrases, les frôlements tendres et pétrissages sauvages d’une nuit d’ivresse.

On est finalement bien peu de choses. Il me suffit de tendre le doigt vers la corde délicate d’une harpe résonnant « sexe », et tous nos sens s’emballent. Tout cela est presque trop facile. C’est tellement…prévisible. Les bons mots, l’ensemencement d’une dose sensuelle, et zou ! Voilà notre entrejambe réchauffée, et nos pensées affolées. Nos conditionnements sont tellement forts, qu’on en devient manipulables.

Je crois que c’est le moment parfait pour vous vendre un truc. Une prestation. N’importe quoi… Vu que votre état est propice. Je me dis en souriant que je devrais écrire de la littérature érotique. Je gagnerai plein d’argent. Les conditionnements puissants d’une humanité happée lourdement dans sa sensualité première m’intriguent. Ils courent en moi, en vous, en nous. Les voir, les déficeler demande une folle audace. Celle de ceux qui voudraient voir, et percevoir au-delà de ces mouvements conditionnés. Étrangement, ce chemin s’ouvre sous mes pas depuis quelques mois. Et le jaillissement de la sensualité se fait plus diffus à mesure que l’acte sexuel et ses promesses d’orgasmes, plus ou moins enveloppés de caresses préalables, est déposé, comme on retire un vieux vêtement. Le corps n’est pas monomaniaque comme on a voulu nous le faire croire. Seules les pensées, collectivement rabâchées, le sont. Retirez les pensées, qui orchestrent la vie sensuelle et sexuelle du corps… Et voilà qu’il dévoile une autre réalité. Il m’arrive de ressentir un amour sensuel et chaleureux… juste dans mes jambes. Ou juste dans les épaules. Éprouver cette redistribution du mouvement sensuel est fascinant. Cela allume tendrement les sens, parce qu’ils ont été d’abord libérés des chaînes psychiques ramenant toute stimulation au sexe. Et le sexe lui-même joue son rôle d’allumage autrement. La diffusion de l’énergie est plus large, plus profonde. Elle emprunte des voies qui ne se fondent pas toutes sur les mêmes sempiternels stimuli.

J’entrevois ici que la vie même aspire à devenir délicieusement orgasmique, et réjouissante. C’est une effusion douce, profonde, et captivante. Un amour d’ailleurs qui parcourt les voies du corps et en révèle les cavités cachées.

Pardonnez mon entrée en matière facétieuse, mais pour vous inviter au propos, il m’est apparu plus jubilatoire d’allumer tout bonnement la mèche. C’est ainsi que peut-être vous aussi essayerez, allez savoir, de permettre à cet influx d’énergie de se propager dans le corps sans autre stimulation complémentaire, nourrissant ce qu’il inonde de sa chaleur, et connectant entre elles des zones enclavées. Que de réjouissances en perspectives… 😉😄

Gaëlle


B39FFDC4-B176-45AC-8161-264F5F9E5D68Praticienne en médecines douces, je travaille en soins énergétiques holistiques avec les intelligences de la Nature (pour les personnes, les animaux, et les lieux). Retrouvez-moi sur mon blog « Fortifiez vos ailes », sur mon site professionnel : http://www.gaelleberny-magnetisme.com/ et également sur le site du programme Tourne-Soleil : http://www.tourne-soleil.com


couv-habitez-territoire> Un livre dédié aux anxieux et angoissés pour retrouver la sérénité : « Habitez votre territoire intérieur » comporte un protocole à faire chez soi pour retrouver davantage de calme et de paix au quotidien, jour après jour. Un cheminement sur 6 mois de temps, pour une ré-équilibration en profondeur.

 


(photo:  pinterest )

4 réflexions sur “Dans la chaleur de la nuit – échappée sensuelle

  1. « Je crois que c’est le moment parfait pour vous vendre un truc. Une prestation. N’importe quoi… Vu que votre état est propice. »…
    Je suis d’accord avec vous : toute cette cuisine est facile…Mais cela sonne si faux dans les graves profonds.

    Le ressort basique du marketing. Derrière chaque publicité — pour qui sait y voir — le sexe pâteux.

    A bientôt,
    franck

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    • Je n ai pour ma part rien ressenti a la lecture de ce texte en dehors de la découverte délicieuse de la beauté esthétique des mots entrelacés. Il me vient parfois dans le cadeau de l instant présent une sensation chaleureuse et sensuelle dépourvu de stimulation extérieure. Comme si la sensualité faisait partie intégrante de mon essence jaillissante sans prétexte se suffisant a elle même. J en viens a penser qu il n y a pas plus puissante énergie que la force du désir qui se nourrit lui même de la joie.

      Aimé par 1 personne

      • Wouah ! Dans ce que tu décris, tu es déjà « à la maison », dans le ressenti de cette sensualité mêlée de joie, auto-impulsée depuis le dedans. L’idée sympa serait que… ça ne te lâche plus. petit à petit. 😉🧡🙏🏻

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