Ces derniers temps, je vois apparaître dans mon paysage de thérapeute un truc comme ça : la mort, je suis là pour ça, aussi. Étrangement, j’ai eu une vie qui m’a préparée à ça. A tout lâcher. Souvent. A laisser partir. Des gens, des attaches, des lieux, des jobs, des certitudes… Tout est y passé. Avoir tout perdu, c’était mon chemin. Et j’ai tout gagné, en un sens, car désormais, j’ai constaté que je n’ai plus à faire de deuil : c’est une étape qui s’évapore d’elle-même dans une profonde sensation de continuité de la vie… Mourir ? Déjà fait et vécu mille fois, intérieurement. Et cela reviendra encore, jusqu’au dernier moment. Fatalement. Jamais pareil, vraiment. Chaque nouvelle fois demandant une honnêteté sans faille. Je connais ce que ça fait de lâcher des bouts de soi auxquels on tenait mordicus, même quand ce sont des constructions qui nous pourrissaient la vie.
J’aurais pu, trivialement, nommer ce blog : « séances avec moi : une vraie tuerie ! ». Mais bon. On vit dans un monde sensible, fragile. Déconner sur la mort, on y viendra peut-être un jour, mais il faut prendre encore beaucoup de pincettes pour simplement poser ce mot et ne pas faire fuir les trois-quart des passants.
Il n’empêche que, depuis quelques temps, « la vie » m’utilise à sa guise pour aider, ici ou là. Et bien souvent, on cause « cheminer vers la mort ». Personnes en fin de vie, personnes gravement malades, ou simples quidams qui arrivent en bout de course avec un aspect de leur « enfant intérieur »… Ces séances que nous faisons ont des points communs : apprivoiser la mort en déconstruisant les récits qu’on se raconte, et en reléguant l’émotionnel (inutile) pour toucher tranquillement au sensible juste de cette expérience. Cela donne de la force à une paix en soi, qui favorise un regard plus tranquille vers « ce qui se meurt » dans notre vie. j’accompagne même des chiens, de passage chez nous par le biais d’une association (refuge), pour simplement voir où ils en sont dans leur vie. Calmer les peurs de mourir (traumas), ou encore accepter que leur corps est en train de lâcher et qu’ils vont mourir bientôt… Toute la gamme de la relation à la mort se tient dans le creux de mes interventions, finalement.
Les retours de mes clients, ou simples bénéficiaires de mes soins ici ou là, vont toujours dans le même sens : soulagement, légèreté retrouvée, une tranquillité qui gagne dans les coulisses, sans triomphalisme, mais avec une belle profondeur… La petite mamie prostrée en EHPAD retrouve l’envie d’aller sur son fauteuil et d’allumer sa télé… Le chien semble plus acceptant de son état et s’autorise davantage à se laisser aller… Les clients retrouvent du souffle après avoir lâché une part d’eux qui les plombaient… Bref : mourir est un aspect de notre vie moderne qui tend à être occulté, refusé, et qui pourtant contient une bonne part du sel de la vie. En me sachant profondément mortelle, je touche à une expérience de la vie bien loin de la pseudo toute-puissance aveugle qu’on nous vend partout, dans cette société des loisirs et de la fuite en avant. Je marche plus consciente sur le sol de cette Terre. Je ralentis. Je suis OK avec mon ombre, qui devient chaque jour un peu plus mon « âmie ». J’accueille toutes ces facettes noires, dures, et révoltantes en moi et étrangement… Tout se calme. Tout se fait paix, durable, tangible. Et cette paix se partage, se propage : c’est là toute la magie de cette vie.
Savoir mourir est un peu l’ultime décence, l’ultime compétence à apprivoiser dans un monde qui lui-même se meurt. C’est l’élégance des silencieux.
Avec infiniment de tendresse,
Gaëlle
Praticienne en médecines douces, je travaille en soins énergétiques holistiques à distance (pour les personnes, les animaux, et les lieux).
Retrouvez-moi sur mon blog « Fortifiez vos ailes », et sur mon site professionnel : http://www.gaelleberny-magnetisme.com/
(photo d’article : Pinterest)