Bonjour à tous et à toutes !
Pour rester dans le fil, je vous invite à lire le volet 1 de cette série avant d’aborder le volet 2.
Aujourd’hui j’avais envie d’aborder l’avenir prévisible du patriarcat.
Le patriarcat : quel avenir pour ce système de domination mondial ?
Un système qui touche aux territoires et fabrique du déracinement
Quand on parcourt les pages de l’ouvrage « Féminicides, une histoire mondiale » (Christelle Taraud), notamment les pages sur le lien entre esclavage, colonisation et féminicides on réalise doucement plusieurs choses :
- Les sociétés du monde entier recourent au fait de capturer des femmes et de dévaster des territoires pour les recoloniser ensuite depuis l’aube des temps. Pas un seul continent n’est épargné.
- L’incidence qui m’a sauté aux yeux est celle du déracinement : de l’esclavage suite à une razzia dans la tribu voisine, à l’esclavage élevé au statut d’économie marchande mondialisée (période de la Renaissance au 19ème siècle) on retrouve toujours le même triptyque : capture / déportation / asservissement. Partout des femmes (d’abord) puis des hommes et des femmes sont retirés de leur lieu de vie, de leurs familles pour être déplacés. Loin. Suffisamment loin pour qu’aucun retour arrière ne soit envisageable. Bateaux. Souvent. Puis il faut « casser la culture en place » en brisant les gens. Pour les femmes on retrouve le même modèle que pour les territoires : d’abord ravager (par le viol), puis coloniser (par la procréation forcée). L’utérus des femmes est donc depuis l’aube des temps le territoire à conquérir. Autant que les hectares de terres. L’un ne pouvant aller sans l’autre.
- Toutes ces histoires qui entretissent la trame de l’humanité, partout, dans nos lignées ancestrales, parlent donc d’exil, de coupures avec les racines, d’éloignement, d’arrachement, de perte d’identité… Nos âmes ici sur Terre respirent le parfum du déracinement. Nous le vivons en sourdine dans nos os, dans notre chair, dans notre ADN si bavard énergétiquement parlant…
- En outre nos lignées parlent aussi d’adaptation plus ou moins réussie à un contexte violent et source d’acculturation : comment les femmes ont survécu à une « ré-incorporation sociale » dans un autre corps social que celui d’où elles provenaient ? En s’adaptant. Elles sont devenues esclaves, maîtresses des puissants, ressources sexuelles plus ou moins officielles, parfois « mères porteuses » pour pallier la stérilité des femmes de clans… Là encore : on retrouve les grands archétypes du féminin sur Terre, avec toutes les histoires qui se racontent dans nos lignées. La femme prostituée. La femme sorcière. La femme mère. La femme esclave. Etc. Toutes sont des conséquences de cette hyper-prédation du masculin sur notre planète depuis quasiment le début de la vie humaine. La femme est un enjeu : pour sa capacité à procréer elle est raflée, déplacée, offerte en cadeau parfois, échangée contre de l’argent aussi… Parfois vendue avec ses enfants, voire vendue enceinte (durant l’esclavage mondialisé et le commerce qui en était fait).
En refermant le livre, après avoir lu le chapitre sur l’esclavage, et les multiples déclinaisons de ce sujet (les conquistadors espagnols et portugais, mais aussi les vikings, les islandais et groenlandais, les asiatiques et leur « chefferies du sud-est asiatiques »… ) j’ai laissé mon esprit se déposer. Doucement. Avec une écoute infinie et profonde pour ce que je sentais être un dossier « épais » en moi. Tant de fils racontent ces histoires lorsqu’on regarde « d’où l’on vient »… C’en est troublant.
Mais alors, que penser du devenir de ce patriarcat mondialisé ?
Un système ultra-résilient, capable de changer de forme temporairement
Je n’ai pas encore terminé l’ouvrage. Peut-être apporte-t-il une réponse. Je partagerai cela en temps et en heure ici. Mais de ma fenêtre, ce que je vois m’encourage à cette part de lucidité : il dure depuis si longtemps, ce modèle patriarcal… Avec des versions « douces » (que le collectif appelle « soft » dans l’ouvrage) et des versions « dures ». Mais toujours les mêmes contraintes et lois tacites qui s’exercent, partout, dans toutes les sociétés patrilinéaires. Et même en sous-jacent des sociétés matrilinéaires actuelles. Ce système a une résilience forte, et semble indétrônable. Comme on le voit pour son pendant, le capitalisme, ce ne sont pas des mécaniques qui s’enrayent. Car nous leur donnons nos forces vives, de bien des façons. Ne serait-ce que parce que sans cela, nos vies sociales ne tiendraient pas la route.
Alors on subit des vagues d’adoucissement, puis de resserrage de vis. Mais toujours la même logique se récupère, se rétablit. Les sociologues observent même aujourd’hui un ensemble de mouvements patriarcaux dans nos sociétés occidentales qui « se font soft » en apparence mais continuent de perdurer en « off » sous les radars (lisez cet article à cet égard, en date du 30 janvier 2023 : « sexisme, la situation est plus qu’alarmante ») . Il suffit d’un événement pour voir que dans le fond rien n’a changé. La loi tacite est toujours la même. Les dominées sont tenues de rester à leur place. Les dominants perpétuent la tradition le plus souvent sans même s’en rendre compte : normal, les chercheurs expliquent que les dominants sont incapables de se penser eux-mêmes dans un système de domination. Il faut le regard des dominés pour en cerner les contours, les incidences sur la « vie des autres ». Autrement dit : pour penser le patriarcat, il faut le recours au regard des femmes et des plus fragiles de ce monde (les anciens par exemple) pour pouvoir penser et délimiter ce système et ses incidences multi-niveaux.
Où se tenir si l’espoir ne peut être une option ?
Donc… ne pas trop espérer. Cet espoir-là n’a pas vraiment de sens au regard de l’Histoire. Il est dit d’ailleurs dans nombre de traditions spirituelles que l’espoir est une chimère, un peu enfantine, que créent dans leur esprit ceux qui ne parviennent pas à se tenir debout dans un constat désagréable sans commencer à se tricoter un « tout finira bien » dans leur tête pour tolérer l’intolérable.
Je m’intéresse à ce lieu précis où l’espoir se construit en chacun de nous, vainement. Je le regarde depuis des mois en moi-même. J’en cerne les racines, les inconforts. Et ce que j’ai découvert c’est qu’on peut progressivement, patiemment, se tenir en paix, dans un courant plus large d’amour, en plein milieu de ce désastre qu’est l’Histoire de l’humanité. Ne pas se raconter que « tout va déjà nettement mieux » alors que dans le fond des foyers les mêmes conneries perdurent. La même douleur qu’hier suinte à travers nous tous, car nos histoires trans-générationnelles n’ont pas totalement été digérées.
Je m’intéresse à cette force sans explication logique qui permet de tenir debout, dans le camp des « dominées de ce monde », sans pour autant se sentir impactée par l’énergie énorme de ce système de domination. Sans le nier non plus. Et sans se construire une échappatoire psychique qui serait un « espoir en un monde différent ». Le système de domination perdurera, c’est une quasi-certitude. Il a tenu tout ce temps, il tiendra bon encore longtemps.
Qu’allons-nous faire de cela, de ce constat ? Voilà une question qui pour moi ouvre des portes dignes d’intérêt.
Quelles sont les pistes pour voir sans tomber dans l’effondrement intérieur ? Pour savoir intimement la réalité dure et sans changement à venir de ce monde, et pourtant vivre sereinement ? De quels outils disposons-nous aujourd’hui ? Voilà des questions qui retiennent mon attention. Pour des humains vivants, debout à l’endroit où ils sont. Sans devenir « chargés de mission » en lien avec un quelconque changement de ce monde. Juste vivre, respirer et permettre à la vie majuscule de se déployer en nous – et nos ailes avec – malgré ce contexte sociétal pesant autour… Voilà où s’oriente mon regard pour la suite de ces partages sur le patriarcat.
A suivre donc… Et en attendant, n’hésitez pas à me partager ici ou sur Facebook vos impressions et vos sentiments sur ce grand et vaste sujet.
Avec infiniment de tendresse,
Gaëlle
Praticienne en médecines douces, je travaille en soins énergétiques holistiques à distance (pour les personnes, les animaux, et les lieux).
Retrouvez-moi sur mon blog « Fortifiez vos ailes », et sur mon site professionnel : http://www.gaelleberny-magnetisme.com/
(photo d’article : Pinterest)